Elections aux Etats-Unis : quel bilan pour les actions américaines ?

Publié le 02 novembre 2020 | Article
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Assurance vie
Bilan actions americaines

Les élections du 3 novembre 2020 ont été une nouvelle étape décisive dans l’histoire des Etats-Unis. L’occasion de faire un bilan des performances des actions américaines durant les années Trump.

Quatre ans après son élection, le bilan économique de Donald Trump est à double tranchant. D’un côté, plusieurs initiatives ont été favorables à l’économie, aux entreprises et au pouvoir d’achat. Le Tax Cut and Jobs Act (Loi sur l’emploi et les réductions d’impôt, adoptée fin 2017), a notamment réduit l’impôt sur les bénéfices, à 21 %, et les taux d’impôt sur le revenu (d’environ 3 points selon les tranches). Parmi les effets bénéfiques, la croissance est restée dynamique (jusqu’à 3 % en 2018, 2,2 % en 2019). Le chômage est descendu à 3,5 % début 2020, au plus bas depuis 50 ans, avant de remonter à 7,9 % avec la crise sanitaire, un niveau jamais vu à la veille d’une élection présidentielle américaine depuis la seconde guerre mondiale.


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Un déficit et une dette qui s’envolent

Parmi les effets menaçants pour l’avenir, ses réformes ont aussi rogné les subventions fédérales aux Etats, réduit la couverture du système d’assurance santé, et augmenté le déficit budgétaire. Il atteignait déjà 5 % du PIB fin 2019 et devrait culminer à 15 % du PIB en 2020 ! La dette fédérale devrait aussi enfler pour dépasser 100 % du PIB, contre 79 % l’an dernier, sous le coup de la crise sanitaire et du plan de relance de 2.000 milliards de dollars annoncé fin mars (soit 10 % du PIB). La campagne électorale a ensuite perturbé les négociations avec la chambre des représentants, à majorité démocrate, pour adopter un second plan de relance.

Les réformes sont aussi soutenues par une politique très accommodante de la Federal Reserve (Fed), la banque centrale des Etats-Unis, notamment sous forme de rachats de titres sur les marchés. En six mois, la Fed a injecté 3.000 milliards de dollars dans l’économie, augmentant la taille de son bilan, à plus de 7.000 milliards de dollars. 

Des marchés financiers très dynamiques

Si le bilan des années Trump est contesté sur le plan politique, économique et social, le contexte économique et financier a globalement profité aux marchés financiers depuis 4 ans. Malgré les derniers trous d’air à l’approche des élections, depuis le dernier scrutin présidentiel, le 8 novembre 2016, l’indice Dow Jones a gagné 50 %, l’indice S&P 500 s’est adjugé 58 %, et le Nasdaq, marché des valeurs de croissance, s’est envolé de 118 % (au 26/10/2020).

Cette hausse ne s’est pas faite sans traverser des turbulences. Alors que les anticipations inflationnistes faisaient grimper le taux des emprunts d’Etat américains à 10 ans jusqu’à 3,2 % à l’automne 2018, la Fed avait tenté de réduire son soutien aux marchés, en allégeant son bilan et en remontant son taux d’intervention, jusqu’à 2,5 % en décembre 2018. Ce changement avait déclenché un plongeon de 20 % de l’indice S&P 500, entre début octobre et Noël, dont 9 % de perte sur le dernier mois de l’année, son pire mois de décembre depuis 1931.

La Fed a par la suite réduit à nouveau ses taux, au cours du second semestre 2019, entraînant une reprise spectaculaire, interrompue par la crise du coronavirus. En à peine un mois, l’indice des 500 premières actions américaines s’est effondré de 34 %, entre le 19 février et le 23 mars 2020. Cinq mois après, le krach du printemps 2020 était totalement effacé, et les indices américains partaient à l’assaut de nouveaux sommets. 

Au final, les trois indices de Wall Street ont atteint de nouveaux records le 2 septembre, avant de marquer un palier dans l’attente des élections et de nouveaux résultats concrets sur le plan économique. Car d’autres éléments influencent fortement les marchés financiers américains, comme le prix du baril de pétrole, stabilisé autour de 40$ par baril après sa chute de mars-avril.

Des actions américaines à deux vitesses

Au-delà des records, Wall Street reste un marché incontournable pour les investisseurs souhaitant avoir une bonne diversification géographique et sectorielle. En effet, les actions américaines pèsent à elles seules 58 % de l’indice Morgan Stanley des Bourses mondiales (le MSCI All Countries World Index, ou ACWI). Par comparaison, la France ne représente que 2,7 % de cet indice. De plus, certains secteurs ne sont quasiment représentés qu’aux Etats-Unis, en particulier parmi les leaders d’Internet.

Wall Street est aussi un marché à deux vitesses. Depuis le début de l’année l’indice Nasdaq des valeurs de croissance affiche une hausse de 29 % (au 20/10), tandis que l’indice Dow Jones des valeurs « traditionnelles » est tout juste à l’équilibre. Un décalage principalement lié à l’envolée des géants du web.

Une étude récente de la société Ned Davis Research sur les 500 principales valeurs de l’indice S&P 500 permet de mieux comprendre ces divergences. Les analystes ont isolé les six titres vedettes de l’Internet, surnommés les FANMAG (Facebook, Amazon, Netflix, Microsoft, Apple, Google). Ce sont les plus grosses valeurs de l’indice S&P 500, mais aussi du Nasdaq. Sur l’année 2020, au 24 septembre, ces 6 “Fanmag” affichaient une hausse moyenne de 36 %. Mais les 494 autres sociétés affichaient en moyenne une perte de 6,6 %. En remontant depuis début 2015, Ned Davis Research a calculé que les gains de l’indice S&P 500, soit 8,3 % en moyenne par an, se décomposaient en réalité entre des progressions annuelles moyennes de 28 % pour les six « Fanmag » et à peine 5 % de gain annuel moyen pour les 494 autres actions de l’indice.

5 principales sociétés américaines Valeur en milliards de $
Apple 1 967
Microsoft 1 635
Amazon 1 605
Google 1 113
Facebook 811

 

Pour l’instant, ces valeurs technologiques sont adulées des investisseurs. La crise sanitaire ayant favorisé et accéléré l’adoption de nouvelles technologies dans tous les domaines de la vie à distance, du télétravail au commerce en ligne, en passant par les loisirs numériques. Mais elles ont aussi leurs vulnérabilités, compte tenu de valorisations très élevées. Ces éléments sont à prendre en compte pour évaluer les risques et opportunités du marché américain.

Perspectives : une élection américaine qui inquiète peu les marchés financiers
Si le monde entier a retenu son souffle avant l’élection du Président américain, l’alternative démocrate ou républicaine ne semble pas le point le plus crucial pour les observateurs des marchés financiers. « Nous ne pensons pas qu'une victoire de Biden marquerait la fin des politiques de soutien aux entreprises de l'ère Trump, expliquait avant l'élection Grant Bowers, analyste de la société de gestion Franklin. Quel que soit le vainqueur, il devra continuer à s'attaquer au problème le plus important à l'heure actuelle : la reprise économique américaine après la pandémie de Covid-19. Nous pensons qu'une présidence Biden pourrait en fait être un scénario favorable pour le marché. ». Après un recul historique du PIB, au rythme annuel de 31 % au second trimestre, la reprise ultérieure devrait permettre de contenir la récession à 5,9 % sur l’ensemble de l’année, ramenant le PIB à son niveau de 2017, lors de l’arrivée de Trump au pouvoir. Un score finalement moins morose qu’en Europe ou en France, dans l’attente d’une reprise attendue pour 2021.

 

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